LA GARE ET SA MARQUISE
• Pourquoi une nouvelle gare ?
Comme signalé à propos du grand viaduc, la gare vieille était d'accès malcommode et trop exigüe pour sa fréquentation. Mais surtout la Compagnie du Midi mena une politique d'extension de son réseau vers Paris par Millau atteint en 1874, Séverac en 1880, Marvejols en 1884 et Neussargues en 1888 (avec le fameux viaduc de Garabit). D'autre part, elle ouvrit une ligne de Montpellier à Faugères en 1877 et une ligne de Mazamet à Castres en 1889.
C'est dans ce contexte qu'il fut décidé de construire une nouvelle gare – dite "Bédarieux-nouveau" – destinée à devenir un important nœud ferroviaire ; cette gare fut ouverte le 20 septembre 1884. Le bâtiment des voyageurs mesure 80 mètres sur 10 ; il est composé d'un corps central avec un logement à l'étage et de deux ailes, l'aile nord abritant le buffet. Entre la gare et la route de Saint-Pons, aujourd'hui avenue Jean Jaurès, une vaste place permet une circulation facile des véhicules. Les voyageurs étaient hébergés au "Terminus Hotel" qui est maintenant la Polyclinique des Trois Vallées. |
Côté voies, il y avait cinq quais et autant de voies équipées d'aiguillages hydrodynamiques (parmi les premiers en France). Outre ce bâtiment voyageurs, était prévu tous les moyens pour le transport des marchandises et l'entretien des locomotives (quais, entrepôt, rotonde, pont tournant, etc.), ce dont il ne reste malheureusement plus rien.
• Bédarieux, étoile ferroviaire |
Bédarieux, ancienne cité manufacturière au XVII° et XVIII° siècles, connut grâce au rail et au charbon un important développement industriel qui perdura jusqu'au milieu du XX° siècle (industrie textile, tanneries, fours à chaux, chimie, construction mécanique). Ainsi, le trafic marchandises passa de 41.000 T en 1900 à 74.000 T en 1920. Certaines usines disposaient même d'un embranchement particulier. Le trafic voyageurs a été tout aussi important jusqu'aux années 1960, dépassant 260.000 voyageurs par an ; ainsi, à l'été 1937, la gare de Bédarieux recevait ou expédiait chaque jour 42 trains de voyageurs.
À cette période, pas moins de 200 personnes travaillaient pour le chemin de fer : agents de la gare et des trains, agents de la traction et agents de la voie. Le dépôt comptait une dizaine de locomotives et assurait le "petit entretien" des voitures et wagons. La gare était une importante source d'emplois directs et indirects ; pendant un siècle, elle a assuré la prospérité de la ville de Bédarieux. Sachant que le projet initial de la ligne passait par Hérépian et non Bédarieux, quelle aurait été l'histoire de notre ville s'il avait été maintenu ?
Le diaporama ci-dessous montre l'activité de la gare et le personnel qui y travaillait :
À cette période, pas moins de 200 personnes travaillaient pour le chemin de fer : agents de la gare et des trains, agents de la traction et agents de la voie. Le dépôt comptait une dizaine de locomotives et assurait le "petit entretien" des voitures et wagons. La gare était une importante source d'emplois directs et indirects ; pendant un siècle, elle a assuré la prospérité de la ville de Bédarieux. Sachant que le projet initial de la ligne passait par Hérépian et non Bédarieux, quelle aurait été l'histoire de notre ville s'il avait été maintenu ?
Le diaporama ci-dessous montre l'activité de la gare et le personnel qui y travaillait :
• La belle marquise |
Pour raconter l'histoire de la marquise, voici un extrait de l'enregistrement vidéo d'Arlette et Yvan Sarrazin réalisé à l'occasion de la conférence "Chemin de fer et cheminots bédariciens" donnée par Claude Lopez le 18 octobre 2013 :
« En 1893, la nouvelle gare de Bédarieux voit passer 272.000 voyageurs, parmi lesquels les curistes de Lamalou et Avène. Soucieux du confort de sa nombreuse clientèle, le conseil d'administration de la compagnie du Midi adopte le 22 juillet 1898 le projet d'une halle métallique à la gare de Bédarieux avec un budget prévu de 166.600 Francs. L'ordre de service des Ponts et Chaussées de 10 novembre 1898 donne une description précise du futur ouvrage d'art :
"Cette marquise devra être construite d'après le type établi à Bordeaux adapté aux dimensions de la gare de Bédarieux : longueur 78,50 mètres, largeur 34,94 mètres. On s'appuiera sur le bâtiment voyageurs d'un côté et, de l'autre, sur le trottoir de l'entre voies 4 et 5, avec une portée de 32,45 mètres sans compter l'auvent couvrant la voie jusqu'à l'aplomb du rail." »
« En 1893, la nouvelle gare de Bédarieux voit passer 272.000 voyageurs, parmi lesquels les curistes de Lamalou et Avène. Soucieux du confort de sa nombreuse clientèle, le conseil d'administration de la compagnie du Midi adopte le 22 juillet 1898 le projet d'une halle métallique à la gare de Bédarieux avec un budget prévu de 166.600 Francs. L'ordre de service des Ponts et Chaussées de 10 novembre 1898 donne une description précise du futur ouvrage d'art :
"Cette marquise devra être construite d'après le type établi à Bordeaux adapté aux dimensions de la gare de Bédarieux : longueur 78,50 mètres, largeur 34,94 mètres. On s'appuiera sur le bâtiment voyageurs d'un côté et, de l'autre, sur le trottoir de l'entre voies 4 et 5, avec une portée de 32,45 mètres sans compter l'auvent couvrant la voie jusqu'à l'aplomb du rail." »
La société de Creil Daydé et Pillé qui a déjà réalisé la marquise de Bordeaux … signe le 21 juin 1901 avec la Compagnie du Midi le marché de la marquise dont le montant est évalué à 141.810 Francs. La hausse du prix du fer va retarder les travaux dont l'exécution a été commandée le 5 novembre par l'ingénieur en chef de la compagnie. C'est seulement en 1902 que l'entreprise Daydé et Pillé passe commande des pièces à trois sociétés de forge et aciérie du Nord et de l'Est de la France et s'approvisionne auprès de la société des Boulonneries de Bavay. Tout étant prêt en 1903, les travaux vont pouvoir commencer. Le paiement de la marquise par la Compagnie du Midi à l'entreprise Daydé et Pillé s'est effectué au rythme de l'avancement des travaux par trois acomptes … En septembre, la compagnie paie le solde et rembourse la caution versée par Daydé et Pillé. Le conseil d'administration approuve le règlement définitif le 29 septembre …
Il est donc certain que la Compagnie du Midi a bien payé la marquise. Comment et quand est née la légende du financement par un reliquat du legs de Noémie Berthomieu à la ville pour la construction de l'hôpital ? Les comptes rendus des conseils municipaux entre 1896, fin de la construction de l'hôpital, et 1904, réception définitive des travaux, ne signalent rien à ce sujet … »
Il est donc certain que la Compagnie du Midi a bien payé la marquise. Comment et quand est née la légende du financement par un reliquat du legs de Noémie Berthomieu à la ville pour la construction de l'hôpital ? Les comptes rendus des conseils municipaux entre 1896, fin de la construction de l'hôpital, et 1904, réception définitive des travaux, ne signalent rien à ce sujet … »