LE GRAND VIADUC DE BÉDARIEUX
• Introduction
Le grand viaduc est certainement le monument emblématique de la ville de Bédarieux. Avec ses 37 arches hautes de 24 m au dessus de l'Orb, on le voit de loin, que ce soit de la route de Lodève, de la Perspective ou des hauteurs environnantes. Désaffecté depuis 1975, il est maintenant la propriété de la ville.Il est interdit à toute circulation depuis que des vandales ont jetés des pierres sur les maisons placés en contre-bas avec les dégâts qu'on peut imaginer . Mais quelle est son histoire ?
• Historique
L'histoire du chemin de fer à Bédarieux est directement liée aux houillères du bassin de Graissessac, bassin qui s'étend sur 20 km entre Plaisance et le Bousquet-d'Orb. Depuis longtemps, ce filon affleurant par endroits était exploité par les habitants pour leurs usages domestiques et industriels (clouteries de Saint-Gervais et Graissessac). Sous Louis XVI, pour lutter contre la déforestation, l'autorisation d'implanter des verreries fut soumise à la seule utilisation du « charbon de terre ». Il s'ensuivit un développement de l'extraction et la création d'entreprises comme la « Compagnie des mines de Graissessac ».
Comme précédemment pour les lignes ferrées de Saint-Etienne à Andrézieux sur la Loire ou de La Grand-Combe à Beaucaire sur le Rhône, la ligne de Graissessac à Béziers a été créée pour faciliter le transport du charbon. En effet, jusqu'alors, le charbon était transporté à dos de mulet, puis par carrioles, ce qui était lent et onéreux. Ainsi naquit l'idée de construire une voie ferrée de Graissessac-Estréchoux jusqu'à Béziers et le Canal du Midi. En 1838, un ingénieur des Mines, Napoléon Garella, déclarait que « les concessionnaires des Mines avaient pensé à l'établissement d'un chemin de fer qui, partant de Graissessac, suivrait … la rivière de Mare et, enfin la rivière d'Orb jusqu'à Béziers ». La marine, en particulier à Toulon, a besoin de charbon qu'elle importe d'Angleterre. Celui de Graissessac, d'excellente qualité, remplacerait avantageusement le charbon anglais. Ce n'est qu'en 1852, sous Napoléon III, que se créa une « Compagnie de chemin de fer de Graissessac à Béziers » au capital de 18 millions de Francs. Le 12 avril 1853, les travaux sont confiés à l'entreprise anglaise Gandell pour 12 millions de Francs. Entretemps, 6 millions s'étaient perdus (mais pas pour tous le monde !). Les travaux commencèrent peu après, et rencontrèrent des nombreuses difficultés : inondations, épidémie de choléra, faillite de la société et défaut de paiement. Après une mise sous séquestre et exploitation par l'état, la ligne fut inaugurée le 20 septembre 1858. Elle sera reprise par la "Compagnie du Midi" en 1865, puis par la S.NC.F. à la Libération. |
• La construction du grand viaduc
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La construction du grand viaduc commença fin 1854 et se termina fin juillet 1856, soit à peine 20 mois pour un ouvrage qu'on qualifia de cyclopéen : 713 m de longueur, 35 arches de 15 mètres d'ouverture et 2 arches de 16,50 mètres, arche centrale haute de 20,50 mètres, volume total d'environ 20 000 m3. Tout cela avec des transports par chevaux et des grues en bois actionnée également par des chevaux et, comme déjà dit, en dépit des faillites, inondations, épidémies de choléra !
Cette rapidité d'exécution s'explique par le nombre d'ouvriers qui travaillaient sur la ligne, environ 4000 (et qui n'étaient pas aux 35 heures !). Pour minimiser les pertes de temps dues aux transports, des carrières de pierre furent ouvertes à proximité du chantier et au moins deux fours à chaux furent utilisés : celui du Figaret, très proche du viaduc et celui de La Tour-sur-Orb. Ce dernier a été inscrit au titre des Monuments Historiques en mars 2010 et restauré en 2012.
Cette rapidité d'exécution s'explique par le nombre d'ouvriers qui travaillaient sur la ligne, environ 4000 (et qui n'étaient pas aux 35 heures !). Pour minimiser les pertes de temps dues aux transports, des carrières de pierre furent ouvertes à proximité du chantier et au moins deux fours à chaux furent utilisés : celui du Figaret, très proche du viaduc et celui de La Tour-sur-Orb. Ce dernier a été inscrit au titre des Monuments Historiques en mars 2010 et restauré en 2012.
• La "gare vieille" |
La première gare de Bédarieux, dite gare Saint-Alexandre, se situait à l'extrémité est du grand viaduc. On en voit une petite partie à la droite de la photographie ci-contre. Construite en bois, adossée à un coteau escarpé et difficile d'accès, elle suscite de nombreuses réclamations.
En 1872, le Maire de Bédarieux évoquait sa gare en ces termes : « Pour une ville commerciale et manufacturière aussi importante que Bédarieux et pour un mouvement de 60 000 voyageurs, le bâtiment en planches auquel on se plaît de donner le nom de gare est insuffisant avec une unique salle d'attente de 4,75 mètres de longueur par 2,90 mètres de largeur, ouverte aux quatre vents du ciel … » Vingt-six ans après sa mise en service en 1858, l'essentiel du trafic lui échappait au profit de la nouvelle gare ! Le bâtiment voyageurs de la gare vieille fut détruit par un incendie en août 1940. |
Cependant, la « gare vieille » continua de fonctionner jusqu'aux années 1975 pour le transport des bauxites qui y étaient amenées par un câble aérien depuis les carrières voisines.