L'ANCIEN HOSPICE SAINT LOUIS
• Genèse de l'hospice Saint-Louis
Nota : ce texte est un résumé du document "Le patrimoine des pauvres" disponible ici..
Ce n’est que vers la fin du XVIIe siècle que la ville de Bédarieux prit, grâce au développement de son industrie drapière, une importance assez considérable pour exiger la création d’un hôpital royal. Fondé par le bureau des pauvres dans une maison louée à un protestant, du nom d’Abraham Guy, cet établissement se vit, après la révocation de l’édit de Nantes, attribuer un vaste domaine appartenant à ce religionnaire, et en 1707, Jeanne de Lavit, héritière catholique de Guy, légua aux pauvres la maison qui devint l’hôpital royal Saint-Louis, située rue de l'Ancien Hôpital.
En 1755, cette institution charitable fut confirmée par des lettres patentes qui lui unirent les biens de l’hôpital voisin de Villemagne. Nommé par l’assemblée générale des notables de la ville, le bureau des pauvres comptait plusieurs administrateurs et deux dames « pieuses et discrètes », appelées Dames de la Miséricorde, qui avaient pour mission non seulement l’assistance des pauvres à domicile, mais la direction intérieure de l’hôpital et la surveillance des servantes hospitalières. Ruiné par la Révolution qui en nationalisa les biens, l’ancien hôpital se trouvait au commencement du XlXe siècle dans la situation la plus précaire, mais l’initiative de la charité privée lui permit de retrouver une prospérité nouvelle. L’abbé Jean Martel, originaire de Bédarieux, donna la rente nécessaire pour l’entretien dans cette maison de quatre Filles de la Croix, dites Sœurs de Saint-André, et le zèle d’un vicaire, l’abbé Tarroux, sut provoquer des aumônes suffisantes pour la construction d’un nouvel édifice destiné à remplacer, sous le nom d’hôpital Saint-Louis, les anciens bâtiments devenus presque inutilisables (1825).
L'abbé Jean MARTEL, né à Bédarieux et passionné de géologie, est à l’origine de l’exploitation du charbon du Bousquet-d'Orb. Il y gagne une fortune personnelle qui lui permet de vivre de ses rentes. Toujours en contact avec ses amis et sa famille à Bédarieux où il vient fréquemment, il est très préoccupé par la situation de l’hôpital de la ville. À Paris, il a l'occasion de rencontrer Sœur Elisabeth Bignes des Ages, supérieure de la Congrégation des Filles de la Croix. Il lui propose de prendre en charge les malades de Bédarieux. Il s'ouvre de ce projet à son frère Jacques Martel-Laprade, maire de la ville. Il met à disposition de la communauté religieuse une rente annuelle de 1200 Francs pour l'entretien de quatre sœurs détachées à Bédarieux et 3000 Francs pour la construction d'un nouvel hôpital.
Louis XVIII, par ordonnance du 17 juillet 1820, s'empresse d'autoriser la commission de gestion de l'hospice d'accepter cette donation faite devant notaire. Les 4 sœurs de la Congrégation de la Croix prennent leur fonction le premier septembre 1820. L'hôpital royal est exiguë et mal adapté pour dispenser des soins aux malades ; aucune extension sur place n'étant possible, la question de la construction d'un nouvel établissement s'impose. Les autorités se réunissent à plusieurs reprises dans le courant l 'année 1821 sans arriver à se mettre d'accord sur un projet. La décision est ajournée alors que la ville se développe.
Au mois de juin 1822, arrive à Bédarieux un jeune vicaire, Antoine Tarroux, venu seconder l'abbé Aoust, curé de Saint Alexandre, qui est âgé et en mauvaise santé. Le jeune abbé prend rapidement la dimension du problème de l'accueil et des soins à dispenser aux indigents. Il supplie l'abbé Aoust de lui laisser carte blanche pour réaliser ce projet d’hôpital. L'abbé ouvre alors une première souscription. Dans une seule journée, il récolte 10.000 Francs auprès des riches industriels de la ville. L'industrie du drap est florissante à cette époque, la ville de Bédarieux compte alors 5430 habitants, ceci expliquant cela. Sans se lasser il frappe à toutes les portes, il rend même visite aux familles protestantes. La municipalité reste toujours réservée et dégage toute responsabilité de la ville sur ce projet.
Homme pressé, l'Abbé TARROUX crée rapidement un "Comité d'Exécution". Il confie la présidence d'honneur à l'Abbé Jean Martel. Les autres membres sont l'abbé Aoust qui fait un don de 10.000 Francs sur sa cassette personnelle, Jean Bernard Vernazobres, Jacques Prades, Louis Martel et Barthélémy Mauran.
La commission achète un terrain de 38 ares situé entrée du Faubourg Saint Louis. L'architecte choisi est Jean-Pierre Blanc, bien connu des Bédariciens puisqu'il vient de réaliser en 1821 la nouvelle mairie et la porte monumentale de l'église Saint Alexandre. Le 25 mars 1825 il présente au Comité plans et devis. L'adjudication est donnée à François Fabre, entrepreneur de travaux publics et père de Ferdinand Fabre, pour un montant total de travaux de 68.342 Francs. Les travaux débutent au mois de septembre 1825.
L'Abbé Tarroux montre une activité débordante sur ce chantier. Il s'y trouve tous les jours dès que son sacerdoce lui en laisse le temps. D'une force herculéenne, il n'hésite pas à mettre la main à la pâte et à transporter les plus grosses pierres nécessaires à la construction. Par ailleurs, il mobilise toute la population : ceux qui ne peuvent pas donner d'argent sont sollicités pour donner des heures de travail ou prêter du matériel.
Ce n’est que vers la fin du XVIIe siècle que la ville de Bédarieux prit, grâce au développement de son industrie drapière, une importance assez considérable pour exiger la création d’un hôpital royal. Fondé par le bureau des pauvres dans une maison louée à un protestant, du nom d’Abraham Guy, cet établissement se vit, après la révocation de l’édit de Nantes, attribuer un vaste domaine appartenant à ce religionnaire, et en 1707, Jeanne de Lavit, héritière catholique de Guy, légua aux pauvres la maison qui devint l’hôpital royal Saint-Louis, située rue de l'Ancien Hôpital.
En 1755, cette institution charitable fut confirmée par des lettres patentes qui lui unirent les biens de l’hôpital voisin de Villemagne. Nommé par l’assemblée générale des notables de la ville, le bureau des pauvres comptait plusieurs administrateurs et deux dames « pieuses et discrètes », appelées Dames de la Miséricorde, qui avaient pour mission non seulement l’assistance des pauvres à domicile, mais la direction intérieure de l’hôpital et la surveillance des servantes hospitalières. Ruiné par la Révolution qui en nationalisa les biens, l’ancien hôpital se trouvait au commencement du XlXe siècle dans la situation la plus précaire, mais l’initiative de la charité privée lui permit de retrouver une prospérité nouvelle. L’abbé Jean Martel, originaire de Bédarieux, donna la rente nécessaire pour l’entretien dans cette maison de quatre Filles de la Croix, dites Sœurs de Saint-André, et le zèle d’un vicaire, l’abbé Tarroux, sut provoquer des aumônes suffisantes pour la construction d’un nouvel édifice destiné à remplacer, sous le nom d’hôpital Saint-Louis, les anciens bâtiments devenus presque inutilisables (1825).
L'abbé Jean MARTEL, né à Bédarieux et passionné de géologie, est à l’origine de l’exploitation du charbon du Bousquet-d'Orb. Il y gagne une fortune personnelle qui lui permet de vivre de ses rentes. Toujours en contact avec ses amis et sa famille à Bédarieux où il vient fréquemment, il est très préoccupé par la situation de l’hôpital de la ville. À Paris, il a l'occasion de rencontrer Sœur Elisabeth Bignes des Ages, supérieure de la Congrégation des Filles de la Croix. Il lui propose de prendre en charge les malades de Bédarieux. Il s'ouvre de ce projet à son frère Jacques Martel-Laprade, maire de la ville. Il met à disposition de la communauté religieuse une rente annuelle de 1200 Francs pour l'entretien de quatre sœurs détachées à Bédarieux et 3000 Francs pour la construction d'un nouvel hôpital.
Louis XVIII, par ordonnance du 17 juillet 1820, s'empresse d'autoriser la commission de gestion de l'hospice d'accepter cette donation faite devant notaire. Les 4 sœurs de la Congrégation de la Croix prennent leur fonction le premier septembre 1820. L'hôpital royal est exiguë et mal adapté pour dispenser des soins aux malades ; aucune extension sur place n'étant possible, la question de la construction d'un nouvel établissement s'impose. Les autorités se réunissent à plusieurs reprises dans le courant l 'année 1821 sans arriver à se mettre d'accord sur un projet. La décision est ajournée alors que la ville se développe.
Au mois de juin 1822, arrive à Bédarieux un jeune vicaire, Antoine Tarroux, venu seconder l'abbé Aoust, curé de Saint Alexandre, qui est âgé et en mauvaise santé. Le jeune abbé prend rapidement la dimension du problème de l'accueil et des soins à dispenser aux indigents. Il supplie l'abbé Aoust de lui laisser carte blanche pour réaliser ce projet d’hôpital. L'abbé ouvre alors une première souscription. Dans une seule journée, il récolte 10.000 Francs auprès des riches industriels de la ville. L'industrie du drap est florissante à cette époque, la ville de Bédarieux compte alors 5430 habitants, ceci expliquant cela. Sans se lasser il frappe à toutes les portes, il rend même visite aux familles protestantes. La municipalité reste toujours réservée et dégage toute responsabilité de la ville sur ce projet.
Homme pressé, l'Abbé TARROUX crée rapidement un "Comité d'Exécution". Il confie la présidence d'honneur à l'Abbé Jean Martel. Les autres membres sont l'abbé Aoust qui fait un don de 10.000 Francs sur sa cassette personnelle, Jean Bernard Vernazobres, Jacques Prades, Louis Martel et Barthélémy Mauran.
La commission achète un terrain de 38 ares situé entrée du Faubourg Saint Louis. L'architecte choisi est Jean-Pierre Blanc, bien connu des Bédariciens puisqu'il vient de réaliser en 1821 la nouvelle mairie et la porte monumentale de l'église Saint Alexandre. Le 25 mars 1825 il présente au Comité plans et devis. L'adjudication est donnée à François Fabre, entrepreneur de travaux publics et père de Ferdinand Fabre, pour un montant total de travaux de 68.342 Francs. Les travaux débutent au mois de septembre 1825.
L'Abbé Tarroux montre une activité débordante sur ce chantier. Il s'y trouve tous les jours dès que son sacerdoce lui en laisse le temps. D'une force herculéenne, il n'hésite pas à mettre la main à la pâte et à transporter les plus grosses pierres nécessaires à la construction. Par ailleurs, il mobilise toute la population : ceux qui ne peuvent pas donner d'argent sont sollicités pour donner des heures de travail ou prêter du matériel.
• L'architecture de l'hospice |
L'architecte ayant publié une "Notice sur la construction de l'Hospice Saint-Louis de Bédarieux", nous disposons de renseignements de première main sur la construction de l'édifice. Nous disposons également des plans d'origine présentés ci-dessous :
Au centre une chapelle qui deviendra peu de temps après église paroissiale. De chaque côté, une tribune permet aux pensionnaires d'assister aux offices sans contact avec le reste de la population.
À droite, se trouve l'aile réservée aux femmes avec un parloir, le réfectoire des sœurs, cuisine, cellier, pharmacie et son laboratoire, salle de pansements, dépositoire appelé salle du "Requiescant in Pace" avec accès direct à la chapelle pour l'office funèbre ; à l'étage salle de la Communauté, dortoir des sœurs, dortoirs des femmes infirmes et dortoirs des femmes malades, logement de l'infirmière.
A gauche, l'aile réservé aux hommes avec la sacristie, la salle d'école, le bureau de l'administrateur, la boulangerie, la huche, la buanderie ; à l'étage, les dortoirs pour les malades et pour les infirmes et la chambre de l'infirmier.
Modifications par rapport au projet initial :
Lors de la réception des travaux, l'architecte établit un mémoire qui fait état des modifications qui lui ont été imposées par la commission : il avait prévu quatre colonnes pour former le péristyle de la chapelle, il dut les remplacer par les pilastres qu'on voit aujourd'hui. Il fit en sorte que ces pilastres imitent les colonnes par leur proportion et leur espacement.
L'architecte, constatant que la chapelle était quelque peu surdimensionnée par rapport aux bâtiments de l'hospice, avait suggéré de conserver la première travée pour réaliser un péristyle qui aurait servi d'entrée commune à l'hospice et à la chapelle. Cette proposition n'a pas été retenue. Un passage entre les deux ailes de l'hospice était prévu sous le tambour d'entrée, mais il n'a pas été réalisé.
Le zèle des Bédariciens engagés par l'abbé Tarroux dans la réalisation de la chapelle a quelque peu nui au respect du projet initial ; ainsi, par exemple, dans la construction des pieds-droits de la porte flamande, les ouvriers s'écartèrent des plans fournis par l'architecte : ils ajoutèrent à la corniche des moulures superficielles.
À droite, se trouve l'aile réservée aux femmes avec un parloir, le réfectoire des sœurs, cuisine, cellier, pharmacie et son laboratoire, salle de pansements, dépositoire appelé salle du "Requiescant in Pace" avec accès direct à la chapelle pour l'office funèbre ; à l'étage salle de la Communauté, dortoir des sœurs, dortoirs des femmes infirmes et dortoirs des femmes malades, logement de l'infirmière.
A gauche, l'aile réservé aux hommes avec la sacristie, la salle d'école, le bureau de l'administrateur, la boulangerie, la huche, la buanderie ; à l'étage, les dortoirs pour les malades et pour les infirmes et la chambre de l'infirmier.
Modifications par rapport au projet initial :
Lors de la réception des travaux, l'architecte établit un mémoire qui fait état des modifications qui lui ont été imposées par la commission : il avait prévu quatre colonnes pour former le péristyle de la chapelle, il dut les remplacer par les pilastres qu'on voit aujourd'hui. Il fit en sorte que ces pilastres imitent les colonnes par leur proportion et leur espacement.
L'architecte, constatant que la chapelle était quelque peu surdimensionnée par rapport aux bâtiments de l'hospice, avait suggéré de conserver la première travée pour réaliser un péristyle qui aurait servi d'entrée commune à l'hospice et à la chapelle. Cette proposition n'a pas été retenue. Un passage entre les deux ailes de l'hospice était prévu sous le tambour d'entrée, mais il n'a pas été réalisé.
Le zèle des Bédariciens engagés par l'abbé Tarroux dans la réalisation de la chapelle a quelque peu nui au respect du projet initial ; ainsi, par exemple, dans la construction des pieds-droits de la porte flamande, les ouvriers s'écartèrent des plans fournis par l'architecte : ils ajoutèrent à la corniche des moulures superficielles.
• Donation à la Municipalité |
Une fois les travaux terminés, le 26 novembre 1826, le Comité d'Exécution fait donation de l'ensemble terrain et bâtiment à la Commission administrative de l'hôpital. Par acte du 13 mai 1827, cette donation est acceptée par la Mairie. Elle est officialisée par une ordonnance royale de Charles X le 28 août 1827.
Deux conséquences pour la commision : achever les travaux et assurer l’entretien de l'ensemble.
Le 6 octobre 1827 la commission décide de vendre l'ancien hôpital pour financer l'hospice Saint Louis.
Le 2 septembre 1828, sur ordre du Préfet, une somme de 10.000 Francs est affectée par la commune à la finition des travaux (aménagement du rez-de-chaussée).
Le 12 octobre 1828, la chapelle est solennellement bénie par le premier Vicaire Général du diocèse, le Père Coustou.
Le 15 juin 1829 les sœurs s'installent à l'hospice.
Il est intéressant de rappeler la composition du "Comité d’exécution" qui a suivi au fil des années la réalisation du projet :
Président : Jacques MARTEL LAPRADE
Membres : Jean-Charles LAVIT, Jean-Bernard VERNAZOBRES, Barthélémy MAURAN, Etienne RAMI, Guillaume MARTEL et François CALVET.
Il est à noter que les promoteurs de cette réalisation ne virent pas la fin des travaux ; l'abbé Martel décède en 1827 comme l'abbé Aoust ; quant au vicaire Tarroux, il est nommé curé de Taussac ; on a donné son nom à l'avenue qui longe l'hospice.
Deux conséquences pour la commision : achever les travaux et assurer l’entretien de l'ensemble.
Le 6 octobre 1827 la commission décide de vendre l'ancien hôpital pour financer l'hospice Saint Louis.
Le 2 septembre 1828, sur ordre du Préfet, une somme de 10.000 Francs est affectée par la commune à la finition des travaux (aménagement du rez-de-chaussée).
Le 12 octobre 1828, la chapelle est solennellement bénie par le premier Vicaire Général du diocèse, le Père Coustou.
Le 15 juin 1829 les sœurs s'installent à l'hospice.
Il est intéressant de rappeler la composition du "Comité d’exécution" qui a suivi au fil des années la réalisation du projet :
Président : Jacques MARTEL LAPRADE
Membres : Jean-Charles LAVIT, Jean-Bernard VERNAZOBRES, Barthélémy MAURAN, Etienne RAMI, Guillaume MARTEL et François CALVET.
Il est à noter que les promoteurs de cette réalisation ne virent pas la fin des travaux ; l'abbé Martel décède en 1827 comme l'abbé Aoust ; quant au vicaire Tarroux, il est nommé curé de Taussac ; on a donné son nom à l'avenue qui longe l'hospice.