FERDINAND FABRE, "LE BALZAC DES CURÉS"
• Biographie de Ferdinand Fabre
Ferdinand Simon Fabre naît à Bédarieux (Hérault) le 9 juin 1827, au 30 rue de la Digue ; cette rue, qui s'était construite à la place de l'ancienne digue sensée protéger Bédarieux des violentes crues de l'Orb, porte aujourd'hui son nom.
En 1810, son père, Louis François, architecte et entrepreneur de travaux publics, édifie le pavillon Marsan au Louvre où il est honoré d'une visite de l'Empereur. Il construit en 1821 la mairie actuelle de Bédarieux et en 1826 l'Hospice Saint-Louis, classé aujourd'hui monument historique. Après 1845, chargé de la construction de la route départementale de Béziers à Lodève, il se ruine en raison de terrains difficiles et des retards de paiement de l'état. |
Sa mère, Rose Victoire Sicard, est très pieuse ainsi que la tante Angèle Sicard. À l'âge de 15 ans, après une jeunesse fort vagabonde, elles confient Ferdinand à l'oncle Fulcran, curé de Camplong afin qu'il reçoive une éducation sérieuse et pieuse. Avec douceur et fermeté, celui-ci amène son neveu à s'intéresser aux études et à apprendre le latin, ce qui lui permettra d'entrer au petit séminaire de Saint-Pons où il resta deux ans. En novembre 1847, sous la pression de sa mère et de sa tante, Ferdinand entre au grand séminaire de Montpellier. Déçu par la médiocrité de la plupart des prêtres qui l'entourent et doutant de sa réelle vocation, il quitte le séminaire au bout de huit mois, mais il restera profondément croyant et pieux toute sa vie.
En octobre 1849, Ferdinand Fabre "monte" à Paris accompagné par son père. Après s'être intéressé au droit et à la médecine, il donne des leçons à domicile pour gagner sa vie et écrit un volume poétique "Les feuilles de lierre" assez bien accueilli. En 1857, il épouse Hermance Bourdier de Beauregard et est nommé inspecteur des bibliothèques. Enfin, en 1862, son premier roman, "Les Courbezon", est publié par la "Revue contemporaine" ; remarqué par Sainte-Beuve, ce roman est couronné par l'Académie Française.
Dans les années suivantes, Ferdinand Fabre écrit la plupart de ses romans listés ci-après. Connu dans la bonne société parisienne, il fréquente son ami et confident Jean-Paul Laurens et bien sûr son compatriote Pierre-Auguste Cot, ainsi qu'Edouard Crébassa de Graissessac. Il est fait Chevalier de la Légion d'honneur en 1878 et Officier en 1894. Nommé Conservateur de la bibliothèque Mazarine en 1883, il meurt des suites d'une pneumonie le 11 février 1898 cinq jours avant son élection, tenue pour assurée, à l'Académie Française. Après des obsèques en grandes pompes, en présence de hautes personnalités, il est enterré au cimetière du Montparnasse.
Dans les années suivantes, Ferdinand Fabre écrit la plupart de ses romans listés ci-après. Connu dans la bonne société parisienne, il fréquente son ami et confident Jean-Paul Laurens et bien sûr son compatriote Pierre-Auguste Cot, ainsi qu'Edouard Crébassa de Graissessac. Il est fait Chevalier de la Légion d'honneur en 1878 et Officier en 1894. Nommé Conservateur de la bibliothèque Mazarine en 1883, il meurt des suites d'une pneumonie le 11 février 1898 cinq jours avant son élection, tenue pour assurée, à l'Académie Française. Après des obsèques en grandes pompes, en présence de hautes personnalités, il est enterré au cimetière du Montparnasse.
• Les hommages poshumes
En 1903, un monument à la gloire de Ferdinand Fabre, œuvre de Laurent Marqueste, est élevé dans les Jardins du Luxembourg. La cérémonie d'inauguration est présidée par Jules Claretie de l'Académie Française.
La ville de Bédarieux ne fut pas en reste : un comité fut créé afin d'édifier une statue à la gloire de l'enfant du pays ; cette statue, sculptée par Villeneuve, représente le chevrier Eran. Elle fut inaugurée en août 1906 par Dujardin-Beaumetz, sous secrétaire d'État aux Beaux Arts. La place où elle fut installée prit le nom de "place Ferdinand Fabre".
La ville de Bédarieux ne fut pas en reste : un comité fut créé afin d'édifier une statue à la gloire de l'enfant du pays ; cette statue, sculptée par Villeneuve, représente le chevrier Eran. Elle fut inaugurée en août 1906 par Dujardin-Beaumetz, sous secrétaire d'État aux Beaux Arts. La place où elle fut installée prit le nom de "place Ferdinand Fabre".
À l'occasion d'une inauguration, le maire Achille Bex prononça cet éloge de Ferdinand Fabre :
Ferdinand Fabre né le 11 Juin 1827 est mort à Paris en 1898. Il commença ses études au Collège de Bédarieux qui porte aujourd'hui son nom (délibération Municipale du 20 mai 1936). Cet écolier coureur de montagnes, dénicheur d’oiseaux, qui lassait la patience des Régents, n'y fut point un excellent élève. Pareil à ce La Fontaine avec lequel il partage un vaste amour de la nature, il fit souvent l'école buissonnière sur les escarpements de Tantajo, dans les fraîcheurs des Douze, à travers les chênes verts du Roc Philip et les oliviers de Canals.
C’est pendant cette jeunesse vagabonde où tout « fait vibrer son âme de cristal » qu'il fait ample provision de souvenirs. Ils lui serviront plus tard de substratum à de délicieux romans lorsqu'enfermé dans son appartement de la rue Conti, son âme s'envolera au pays natal si profondément incrusté en elle. Ce pays qui le commande et auquel il obéit ; « on ne se détache pas, dit-il, de la terre où l’on a été planté, et quand le fumet vous en monte à l’âme tout à coup, l'être s’en trouve secoué jusque dans ses plus intimes profondeurs. »
Ferdinand Fabre est célèbre à deux titres : comme peintre de la vie cléricale et comme peintre du terroir. Nous ne pouvons à notre avis, mieux situer le premier point, question délicate, qu’en donnant l'avis autorisé de Barbey d’Aurevilly (Constitutionnel 19 mai 1873) : « l’auteur de l’abbé Tigrane voudrait que le prêtre restât toujours grand pour l'histoire et s'il ne l’est pas, il en souffre. Seulement impartial, comme l'artiste sincère, il peint ce qu’il voit par amour de la peinture vraie ; et s'il en souffre, il ne s’en venge pas en forçant le trait. Tous ses prêtres sont vrais... le livre de M. Ferdinand Fabre est au fond - si vous en ôtez deux ou trois nuances d'opinion que je n'y voudrais pas voir, parce qu'elles blessent mon catholicisme - un livre écrit à la gloire du prêtre et de l’église ».
Le deuxième point : le peintre du terroir nous intéresse beaucoup plus, nous ses compatriotes, parce qu'il a chanté en vrai fils du Languedoc notre terre ensoleillée. Avec quelle attention soutenue et quel plaisir toujours plus grand le suivons-nous dans la description des sites qui nous sont familiers. Tout jeune, nous l'apercevons à l'ombre des grands figuiers du jardin de son oncle, l’abbé Fulcran de Camplong ou bien dans un petit chemin de chèvres, zigzaguant tantôt à droite, tantôt à gauche, obstrué par les branches qui menacent les yeux, toujours encombré de pierres qui roulent sous les pieds.
Qui accompagne ce collégien dans les châtaigneraies et les saulaies de Bataillo et de Fontjouve et avec qui échange-t’il des baisers pétillants comme des châtaignes au feu ? Avec quelle grâce façonne-t’il ces silhouettes adorables de Meniquette et de cette dangereuse Merlette que l’on voit souvent folâtrer avec Galibert le pâtre des Bassac ?
Nous retrouvons encore notre jeune poète, retiré blotti en une caverne du Roc Rouge ayant à ses pieds Bédarieux, devant lui le bloc granitique de Caroux, rêvant de quelque escapade, peut-être la partie de chasse à Soumartre avec Nizerolles Closcard, le bon ivrogne, suisse de Saint-Alexandre qui préfère les grives à la soupe de châtaignons, ou bien pense-t’il au frère Barnabé, l’ermite de Saint Michel, à la truculente trogne, grand casseur de bouteille et grand diseur d'orémus.
Nous nous arrêtons à regret au milieu de tant de souvenirs délicieux… Nous sommes fiers de notre illustre compatriote. S’il ne fut pas de l‘Académie, ce fut aussi le sort de presque tous les maîtres du roman français du siècle dernier, les Balzac, les Dumas père, les Sand, les Flaubert, les Daudet, les Zola.
La revanche de Ferdinand Fabre, c’est qu'on le puisse comparer à ces illustres exclus. La seule récompense de l’écrivain, comme le dit Marcel Prévost, c’est qu'on puisse dire un jour de lui ce que chacun dit de notre grand Bédaricien : « s’il n'était pas né, s'il n’avait point écrit, notre littérature serait moins riche et le roman français compterait une province de moins ».
Ferdinand Fabre né le 11 Juin 1827 est mort à Paris en 1898. Il commença ses études au Collège de Bédarieux qui porte aujourd'hui son nom (délibération Municipale du 20 mai 1936). Cet écolier coureur de montagnes, dénicheur d’oiseaux, qui lassait la patience des Régents, n'y fut point un excellent élève. Pareil à ce La Fontaine avec lequel il partage un vaste amour de la nature, il fit souvent l'école buissonnière sur les escarpements de Tantajo, dans les fraîcheurs des Douze, à travers les chênes verts du Roc Philip et les oliviers de Canals.
C’est pendant cette jeunesse vagabonde où tout « fait vibrer son âme de cristal » qu'il fait ample provision de souvenirs. Ils lui serviront plus tard de substratum à de délicieux romans lorsqu'enfermé dans son appartement de la rue Conti, son âme s'envolera au pays natal si profondément incrusté en elle. Ce pays qui le commande et auquel il obéit ; « on ne se détache pas, dit-il, de la terre où l’on a été planté, et quand le fumet vous en monte à l’âme tout à coup, l'être s’en trouve secoué jusque dans ses plus intimes profondeurs. »
Ferdinand Fabre est célèbre à deux titres : comme peintre de la vie cléricale et comme peintre du terroir. Nous ne pouvons à notre avis, mieux situer le premier point, question délicate, qu’en donnant l'avis autorisé de Barbey d’Aurevilly (Constitutionnel 19 mai 1873) : « l’auteur de l’abbé Tigrane voudrait que le prêtre restât toujours grand pour l'histoire et s'il ne l’est pas, il en souffre. Seulement impartial, comme l'artiste sincère, il peint ce qu’il voit par amour de la peinture vraie ; et s'il en souffre, il ne s’en venge pas en forçant le trait. Tous ses prêtres sont vrais... le livre de M. Ferdinand Fabre est au fond - si vous en ôtez deux ou trois nuances d'opinion que je n'y voudrais pas voir, parce qu'elles blessent mon catholicisme - un livre écrit à la gloire du prêtre et de l’église ».
Le deuxième point : le peintre du terroir nous intéresse beaucoup plus, nous ses compatriotes, parce qu'il a chanté en vrai fils du Languedoc notre terre ensoleillée. Avec quelle attention soutenue et quel plaisir toujours plus grand le suivons-nous dans la description des sites qui nous sont familiers. Tout jeune, nous l'apercevons à l'ombre des grands figuiers du jardin de son oncle, l’abbé Fulcran de Camplong ou bien dans un petit chemin de chèvres, zigzaguant tantôt à droite, tantôt à gauche, obstrué par les branches qui menacent les yeux, toujours encombré de pierres qui roulent sous les pieds.
Qui accompagne ce collégien dans les châtaigneraies et les saulaies de Bataillo et de Fontjouve et avec qui échange-t’il des baisers pétillants comme des châtaignes au feu ? Avec quelle grâce façonne-t’il ces silhouettes adorables de Meniquette et de cette dangereuse Merlette que l’on voit souvent folâtrer avec Galibert le pâtre des Bassac ?
Nous retrouvons encore notre jeune poète, retiré blotti en une caverne du Roc Rouge ayant à ses pieds Bédarieux, devant lui le bloc granitique de Caroux, rêvant de quelque escapade, peut-être la partie de chasse à Soumartre avec Nizerolles Closcard, le bon ivrogne, suisse de Saint-Alexandre qui préfère les grives à la soupe de châtaignons, ou bien pense-t’il au frère Barnabé, l’ermite de Saint Michel, à la truculente trogne, grand casseur de bouteille et grand diseur d'orémus.
Nous nous arrêtons à regret au milieu de tant de souvenirs délicieux… Nous sommes fiers de notre illustre compatriote. S’il ne fut pas de l‘Académie, ce fut aussi le sort de presque tous les maîtres du roman français du siècle dernier, les Balzac, les Dumas père, les Sand, les Flaubert, les Daudet, les Zola.
La revanche de Ferdinand Fabre, c’est qu'on le puisse comparer à ces illustres exclus. La seule récompense de l’écrivain, comme le dit Marcel Prévost, c’est qu'on puisse dire un jour de lui ce que chacun dit de notre grand Bédaricien : « s’il n'était pas né, s'il n’avait point écrit, notre littérature serait moins riche et le roman français compterait une province de moins ».
• Bibliographie
d’après la « bibliographie des Auteurs Modernes de Langue Française d ’Hector Talvart et Joseph Place :
- Feuilles de lierre, poèmes (1853 Paris, Charpentier)
- Les Courbezon, scènes de la vie cléricale (1862 édit. définitive, Paris, E. Fasquelle)
- Julien Savignac, (1863 édit. définitive, Paris, Charpentier)
- Mademoiselle de Malavieille (1865 édit. définitive Paris, Charpentier)
- Le Chevrier, scènes de la vie rustique (1867 édit. définitive, Paris, Charpentier 1879)
- L’Abbé Tigrane (1873 édit. définitive, Paris, Charpentier)
- Le Marquis de Pierrerue (1874 édit. originale en deux volumes ; édit. définitive en un seul volume, sous le titre de « Un illuminé », Paris, Charpentier 1890)
- Barnabé (1875 édit. définitive, Paris, Charpentier)
- La petite Mère (1877 édit. originale en quatre volumes ; édit. définitive en un seul volume, sous le titre de Mme. Furster, Paris, Charpentier, 1887)
- Le Roman d’un peintre (1878, Paris, Charpentier)
- L’Hospitalière, drame rustique en cinq journées (1880, Paris, Charpentier)
- Mon oncle Célestin, moeurs cléricales (1 881, Paris, Charpentier)
- Lucifer (1884, Paris, Charpentier)
- Le Roi Ramine (1884, Paris, Charpentier)
- Monsieur Jean (1886, Paris, Charpentier)
- Toussaint Galabru (1887, Paris, Charpentier)
- Ma Vocation (1889 édit. définitive, Paris, Fasquelle 1980)
- Norine (1889, Paris, Charpentier)
- L’Abbé Roitelet (1890, Paris, Charpentier)
- Xavière (1891, Paris, Charpentier)
- Germy (1891, Paris, Charpentier)
- Sylviane (1892, Paris, Testard-Charpentier)
- Mon ami Gaffarot (1894, Paris, Colin)
- Taillevent (1897, Paris, Fasquelle)
- Oeuvres choisies de Ferdinand Fabre, extraite et notice de Mr Maurice Pellisson (1899, Paris, Delagrave)
- Ma jeunesse, mon cas littéraire, Mgr Fulgence (1903, Paris, Fasquelle)
- Mgr Formose et autres textes inédits, introduction et notes par Ferdinand Duviard (1929, Paris, Fasquelle)
• Documentation |
De nombreux textes ont été écrits au sujet de Ferdinand Fabre, qu'il s'agisse de biographies ou d'analyses critiques. en voici quelques-uns :
- « De Ferdinand Fabre et du Chevrier » par André Lebois (Annales de l'Université de Toulouse - Le Mirail)
- « Deux collègues, Hector Malo (1830-1907) et Ferdinand Fabre (1827-1898) » de Francis Marcoin
- « Exposé biographique sur l'Œuvre de Ferdinand Fabre » par Claude Cabrol (brochure rééditée à l'occasion de l'inauguration de la nouvelle agence de la Caisse d'Épargne de Bédarieux le 8 décembre 1998)
- « Ferdinand Fabre » de Jules Lemaitre, transcription, étude de plusieurs romans
- « Ferdinand Fabre - sa vie - ses œuvres - son style » par M.J Coulouma (Bulletin de la Société Archéologique, Scientifique et Littéraire de Béziers)
- « Ferdinand Fabre et son œuvre » de Sylvain (Revue du Midi)
- « Souvenirs d'un vieux critique » de A. de Pontmartin, 'Mon oncle Célestin - Mœurs cléricales'
- « Une montagne imaginaire : le Larzac granitique de Ferdinand Fabre… », par Bernard Ucla dans "Études Héraultaises 1997-1998 .